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  • Brigitte Gabbaï

SUMMER AND SMOKE

Dernière mise à jour : 11 nov. 2020

New York 2018 - Brigitte Gabbaï


Une pièce de Tennessee Williams un peu froide


Tennessee Williams est présent, comme chaque année, sur la scène new-yorkaise. Il s’agit cette fois-ci de Summer and Smoke, pièce rarement jouée et montée off-Broadway au CSC et coproduite par Classic Stage Company and Transport Group. La mise en scène est réalisée par Jack Cumming III avec Marin Ireland (Tony Nominee pour Three Sisters) dans le rôle d’Alma Winemiller et Nathan Darrow dans celui du Docteur John Buchanan, sans oublier Barbara Walsh dans celui de Mrs Winemiller, et T. Ryder dans celui du Révérend Winemiller.


La pièce se déroule sur un long plateau rectangulaire de couleur blanche, coiffé d’un très bas plafond, blanc, lui aussi, autour duquel sont assis les spectateurs. Plateau nu, ring : à une extrémité, une planche représente le corps humain, à l’autre, une photo dans un cadre, représente une fontaine en forme d’ange de pierre, figure symbolique de l’éternité. Six chaises d’un pseudo-style Henri II seront apportées plus tard par les acteurs eux-mêmes. C’est tout. On semble en faire plus avec moins. Décor minimaliste, parfois un peu limite. Les acteurs miment certaines situations. On boit dans des tasses inexistantes reposées sur des tables absentes. Mime, mimique, gestuelle, rire hystérique, gêne respiratoire, tout semble quasi-authentique et permettrait ainsi au spectateur d’assister à une pièce muette. Mais Tennessee Williams serait oublié, la richesse de sa langue ignorée. Les acteurs/personnages s’expriment ici avec un accent du Sud, du delta, authentique, ce qui est chose rare.

Alma être passionné et prude, fragile et tout en retenue, la fille du pasteur de Glorious Hill, Mississippi, brûle d’un amour impossible pour le séducteur John Buchanan. Jeu (érotique ?) du chat et de la souris auquel s’ajoute un règlement de comptes philosophique : l’hystérie d’Alma (la fontaine de pierre) contre la faiblesse de la chair de la part de John (la planche représentant le corps humain). Ce jeu deviendra celui de la souris et du chat, les rôles seront inversés. John le charmeur cherchera à se racheter et à sauver son âme et Alma (l’âme en espagnol) partira avec le premier venu à la recherche d’une soirée de plaisirs et de débauche. Elle annoncera ainsi Blanche DuBois dans A Streetcar Named Desire.


Marin Ireland porte la pièce. Elle est passionnée et passionnante et se consume telle Alma mais l’interprétation des autres acteurs reste froide. La mise en scène est conçue avec parcimonie. La mesure ne sied guère à Tennessee Williams et à son théâtre. Le spectateur reste sur sa faim.


Brigitte Gabbaï

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